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TERRE DE DEMAIN
18 juin 2022

"MARIE POCHON, UNE CANDIDATE NUPES EN TERRE NUCLEAIRE"

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Près de la centrale du Tricastin, dans la Drôme, le nucléaire est sur toutes les lèvres. Surprise : Marie Pochon, candidate de gauche pour les législatives et militante contre l’atome, part en tête.

Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), reportage

« Qu’une écolo fasse un tel score à Saint-Paul-Trois-Châteaux, c’est surprenant ! », lance Maurice, un habitant de cette commune de 9 000 habitants, en prenant un tract de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Certains cantons comme ceux autour de la ville de Die et de Dieulefit sont réputés pour leur vote à gauche. Mais l’arrivée de Marie Pochon, ouvertement pour la sortie du nucléaire, en tête (à vingt-sept voix près) sur l’une des trois communes qui accueillent la centrale du Tricastin est la surprise de ce premier tour.

Investie par Europe Écologie-Les Verts (EELV), Marie Pochon est également en tête au premier tour sur l’ensemble de la troisième circonscription de la Drôme avec 35,49 % des voix, soit 7 500 bulletins d’avance sur Célia de Lavergne, députée sortante En Marche (désormais Ensemble !) qui, elle, a recueilli 23,50 % des suffrages.

En cette matinée du mardi 14 juin, les militants de la Nupes sont sur les chapeaux de roues. Ils sont une dizaine à quadriller le marché de cette commune de 8 969 habitants. Ici, il n’y a pas un habitant qui n’ait pas un lien avec l’atome. Alors entre les étals, le sujet est naturellement dans toutes les bouches jusqu’à diviser, y compris parmi les sympathisants de gauche. « Je ne peux pas voter antinucléaire, qu’est-ce qu’on va devenir ? », s’inquiète une passante dont le fils est ingénieur à la centrale. Josie, militante de la Nupes, lui répond : « Ça se discutera. » « J’ai toujours été à gauche. On aimerait bien se passer du nucléaire mais on ne peut pas. Les éoliennes en mer, ça va perturber la faune et la flore, on est dans une impasse », lance une autre sympathisante.

À ces craintes, Marie Pochon, également secrétaire générale de l’association Notre affaire à tous, défend la nécessité d’une opposition à l’Assemblée nationale pour avoir un vrai débat sur la question. « Ce n’est pas possible qu’un seul homme, fût-il président de la République, décide tout seul de la construction de nouveaux EPR partout en France sans concertation, dit-elle. Personnellement, je suis pour un référendum sur cette question. »
Un référendum local sur le futur EPR voulu par Macron

Présente elle aussi sur le marché, Célia de Lavergne défend une position frontalement opposée. « Le projet que je porte, c’est celui d’un destin national pour le Tricastin avec un nouvel EPR que j’ai défendu auprès de l’Élysée, auprès de Matignon et auprès du PDG d’EDF, dit-elle à Reporterre. Ici, aujourd’hui, il y a un choix à faire, un choix de politique nationale mais aussi une sorte de référendum sur l’EPR. »

Depuis vingt ans, la circonscription est sous le giron de la droite. Marie Pochon en a conscience, les réserves de voix ne lui sont pas forcément favorables. Comme la Nupes au niveau national, elle espère que c’est la mobilisation des abstentionnistes qui lui permettra d’accéder aux bancs de l’Assemblée nationale. Sur l’ensemble de la circonscription, 42,26 % des inscrits ne se sont pas déplacés jusqu’aux urnes.

Sous une arche en pierre, Sophie Fayolle, ancienne candidate divers gauche aux élections départementales, distribue des prospectus depuis plusieurs semaines pour la Nupes. Celle qui, aujourd’hui à la retraite, a travaillé toute sa vie dans la maintenance de la centrale nucléaire sent un changement dans les mentalités. Le territoire serait moins favorable au nucléaire qu’avant. L’un des motifs ? Tout le monde ne récolte pas les fruits de cette industrie : « Le nucléaire embauche beaucoup d’hommes. Les femmes, elles, sont dans des situations très précaires. »

Disparition des services publics, désertification médicale, violences faites aux femmes, sécheresse... Autant de sujets que Marie Pochon regrette de voir passer au second rang durant les débats des législatives.

Les préoccupations seraient, ici aussi : la disparition des services publics, la désertification médicale, l’isolement, les violences faites aux femmes, la recrudescence des sécheresses, autant de thématiques que Marie Pochon regrette de voir passer au second rang durant les débats des législatives. « Bien sûr que la centrale impacte tout le bassin d’emplois du Tricastin, mais comme à la présidentielle, la question du climat et de la protection de la biodiversité ont été éclipsées par le nucléaire », estime la candidate, par ailleurs ancienne collaboratrice parlementaire de la députée européenne écologiste Marie Toussaint.

Sur le territoire, il y a un autre sujet qui rallie pro et antinucléaires : le projet de deux échangeurs autoroutiers. Porté par le maire Jean-Michel Catelinois, ancien socialiste et proche de la majorité présidentielle, il est soutenu par la candidate aux législatives Célia de Lavergne. « 20 millions vont être dépensés alors que les urgences de Montélimar n’ont que 5 millions pour sortir la tête de l’eau, on se dit que l’argent n’est pas dépensé comme il faudrait », regrette Maurice, les lunettes vissés sur le nez.

Ce jour-là, il y a un point commun entre tous ceux qui ont accepté de débattre avec Marie Pochon : ils ne se sentent pas représentés par la politique d’Emmanuel Macron et souhaiteraient qu’il n’ait pas la majorité à l’Assemblée nationale.

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